MANIFESTE POUR LA SAUVEGARDE DES TERRES AGRICOLES
Manifeste lancé par un regroupement d'acteurs issus de la société civile à l'occasion de
la « Journée mondiale des sols » du 5 décembre 2015
de l'année 2015 déclarée « Année internationale des sols » par la FAO,
et de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) de Paris
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LES MENACES
auxquelles nous devons faire face
ARTIFICIALISATION
L'artificialisation correspond au bétonnage, goudronnage, compactage, à la transformation en pelouses et à l'urbanisation éparpillée des espaces agricoles qui perdent alors leur potentiel de production.
ACCAPAREMENT
L'accaparement correspond à l'achat de terres par des investisseurs qui ne sont pas agriculteurs et qui souhaitent faire exploiter celles-ci par des salariés ou des sous-traitants.
Exemple : la société Hongyang s’est portée acquéreur en quelques mois de 1 700 hectares de terres en Indre.
EPUISEMENT DES SOLS
L'épuisement des sols : perte de fertilité par surexploitation agricole, érosion, désertification, salinisation, contamination, pollutions diverses.
LES CONSÉQUENCES
de la réduction et la baisse de fertilité des terres agricoles
ÉCONOMIQUES & SOCIALES
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Augmentation préoccupante de la dépendance agricole et alimentaire vis-à-vis des marchés internationaux
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Perte de souveraineté alimentaire des territoires et dépendance vis-à-vis de l'extérieur
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Tensions sociales et géopolitiques autour des accaparements de terres
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Destructions d'emplois directs et indirects liés aux filières agricoles et agroalimentaires
ÉCOLOGIQUES
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Baisse de la capacité des sols à stocker le carbone et à lutter contre le réchauffement climatique
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Augmentation du ruissellement de surface et des phénomènes d'inondations et d'érosions
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Limitation des infiltrations pluviales, de la régénération des nappes phréatiques et de la filtration naturelle des eaux
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Perte de biodiversité sauvage, cultivée et élevée
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Perte de patrimoines paysagers
En France
L'artificialisation a fait disparaître entre 40 000 et 90 000 ha de surfaces agricoles par an entre 2000 et 2012. Avec la crise de 2008 on observe une baisse de la demande mais rien n'est envisagé pour gérer la situation à plus long terme.
Selon : Rapport de l'Observatoire national de la préservation des espaces agricoles (ONCEA) datant du 15 mai 2014
Au niveau européen :
Entre 1993 et 2003, c'est 770 000 ha de terres agricoles qui ont disparu en moyenne chaque année (soit l'équivalent du département du Cher).
Selon : EU agricultural production and trade (Harald von Witzke (Humbolt University Berlin), Steffen Noleppa (Agripol)
À l'échelle mondiale :
Si ce rythme se maintient, 1,5 milliard d’hectares supplémentaires sera urbanisé au cours des 100 prochaines années, soit la totalité des terres arables dont dispose actuellement l'humanité.
La disparition de ces vastes étendues, combinée à l'augmentation de la population mondiale, ne peut qu’encourager la multiplication des crises alimentaires.
Cela risque de fragiliser différents États, d'accélérer encore les stratégies d'accaparement de terres et d'amplifier les tensions géopolitiques qui menacent le fragile équilibre mondial.
LES MESURES
DE NOTRE MANIFESTE
pour protéger les terres agricoles
Demander aux candidats à la présidentielle de prononcer dès 2018,
un MORATOIRE NATIONAL visant à protéger les terres agricoles
Mettre en place des politiques de préservation foncière efficaces visant à "stabiliser l’artificialisation des terres agricoles d’ici 2025"
Bloquer les processus d'accaparement de terres au Sud comme au Nord.
Renforcer la démocratie locale et les procédures de concertation publique au sein des territoires
Améliorer les pratiques agricoles dans le cadre de la transition agro-écologique en cours
Des exemples concrets
S'appuyer sur l'expérience positive du Québec :
Depuis 1978, La Loi du Zonage Agricole a délimité les zones réservées à l'agriculture de façon durable.
La surface agricole du territoire (6,3 millions d'hectares) n'a ainsi pratiquement pas diminué depuis 37 ans,
ce qui n'a nullement empêché le développement économique et social du Québec.
Depuis 2012, la France a mis en place une mesure analogue dans ses collectivités d'Outre-mer soumises à une très forte artificialisation des terres agricoles. Cette politique volontariste donne déjà des résultats reconnus par les services d’État, la profession agricole, les élus locaux et les acteurs de l'environnement ultra-marins. On observe ainsi que, là où il existe une réelle volonté politique de préserver les terres agricoles, les actions qui sont engagées donnent des résultats concrets.